Publié le 17 avril 2024 par Jlemauff

L’art contemporain entre photographies et graffitis

Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour en1982
Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour, 1982, collection particulière (© Adagp, Paris, 2024)

Le travail photographique de Raymond Depardon à Alger habillera les murs des Champs-Libres et le Frac accueillera ses reportages autour des Jeux Olympiques. Le Musée des beaux-arts, quant à lui, consacrera une exposition autour de l’histoire du graffiti depuis les années 60.

Aérosol. Une histoire du graffiti

Plongez dans l’univers du graffiti, des années 1960 à nos jours, à travers le prisme de l’usage de la bombe aérosol à des fins artistiques.

Qu’il s’agisse de bombage à main levée, de pochoir ou de graffiti-writing, le graffiti s’impose comme une forme d’expression artistique plurielle, riche de plus d’un demi-siècle de pratique, que la création soit vandale ou licite, qu’elle se développe sur des palissades, des rames de métro ou sur une toile.

Né dans la rue, c’est un art par nature éphémère : lui consacrer une exposition dans un musée est un défi. Le projet part du constat que l’art du graffiti est à la fois très populaire et néanmoins largement méconnu : dans la première partie de l’exposition, les visiteurs pourront donc retracer précisément l’histoire de l’émergence de la pratique du graffiti en France, des années 1960 à 1986, avec des œuvres rares et inédites (Blek le rat, Jef Aérosol, Miss.Tic, Bando, Futura2000, Blitz, Dee Nasty…) ainsi que de nombreux documents, photographies et témoignages.

Photographie de Claude Costa couvrant de graffiti les publicités du métro parisien
Claude Costa recouvrant les publicités de la station de métro du Temple, Paris, 1984 © photographie Rosine Klatzmann

Afin de prolonger cette approche historique et témoigner de la vitalité exponentielle du graffiti à partir de la fin des années 1980, l’espace du patio du musée proposera quant à lui un focus sur le thème du train et du métro, support privilégié des graffeurs, à partir des collections du Mucem, premier musée européen à avoir constitué un fond dédié au graffiti au tout début des années 2000. L’exposition dans le patio présentera œuvres, objets, photographies retraçant l’activité des ” trainistes ” européens.

L’exposition est issue de la coopération étroite entre le Musée des beaux-arts de Rennes, le Musée des beaux-arts de Nancy, le Mucem à Marseille, le centre Arcanes et l’association Teenage Kicks à Rennes. Le Musée des beaux-arts de Nancy accueillera au printemps 2025 le volet de l’exposition portant sur l’émergence du graffiti des années 1960 aux années 1980. Le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) prête un nombre important d’œuvres de ses collections, en permettant d’aborder la question de la patrimonialisation du graffiti dans des collections muséales.

Ce projet est aussi le résultat d’une collaboration entre les professionnels des musées et les protagonistes de l’art urbain, qui ont également une démarche d’étude, de recherche historique et de collecte archivistique sur le mouvement. Le commissariat est ainsi mené par une équipe pluridisciplinaire, composée de deux artistes du graffiti (Nicolas Gzeley et Patrice Poch, ce dernier bien connu de la population de Rennes comme co-fondateur de l’association Teenage Kicks), une ethnologue spécialisée dans les cultures urbaines (Claire Calogirou) et deux professionnels de musée (Jean-Roch Bouiller, Claire Lignereux). Cette pluralité de regards montre la diversité des approches du graffiti.

Musée des beaux-arts de Rennes du 15 juin au 22 septembre 2024

L’Algérie, le sport et la ruralité sous l’œil de Raymond Depardon

Le Frac Bretagne et les Champs Libres décident d’unir leurs forces pour faire la part belle à une des plus importantes figures de la photographie documentaire en France : Raymond Depardon.

Inscrites à la fois dans le parcours estival Exporama et l’Olympiade Culturelle, programmation officielle des JO de Paris 2024, les deux expositions, consacrées aux Jeux Olympiques (entre 1964 et 1980) et à l’Algérie (en 1961 et 2019), explorent deux champs de recherche aussi différents que complémentaires, représentatifs de la pluralité de sujets que le photographe a abordés au long de sa carrière.

Une programmation de films et de conférence, pensées conjointement, est également proposée.

Photo des Jeux Olympiques de Mexico en 1968
Jeux Olympiques de Mexico en 1968 (Raymond Depardon)

En 1964, Raymond Depardon est depuis quatre ans salarié en tant que photographe reporter pour l’agence Dalmas. Il est alors envoyé à Tokyo pour couvrir les Jeux olympiques d’été et fait ainsi ses premiers pas de photographe de sport. Essai gagnant puisqu’il officiera finalement durant 6 olympiades, jusqu’aux Jeux de Moscou en 1980.

Lors de ces événements, le célèbre photographe apprend que, pour saisir la beauté du moment, il faut le devancer. Ainsi parvient-il à immobiliser l’exploit, la force et l’émotion extrême : le désespoir de Michel Jazy après sa défaite à l’épreuve du 5 000 m à Tokyo (1964), la joie éclatante de Colette Besson remportant le 400 m à Mexico (1968), le légendaire triplé olympique de Jean-Claude Killy à Grenoble (1968), la grâce et la perfection de la gymnaste roumaine Nadia Comaneci à Montréal (1976)… des images désormais gravées dans l’histoire du sport.

Mais, porté par son expertise de grand reporter, Raymond Depardon fige d’autres instants, des faits historiques et dépassant largement le champ sportif : en 1968, il immortalise le poing levé des athlètes afro-américains à Mexico, puis en 1972, lors des Jeux olympiques de Munich, il est le témoin de la prise d’otage de la délégation israélienne.

Le stade et l’histoire, la culture et le sport racontés en 165 photographies pendant 6 olympiades.

Frac Bretagne 
Du 15 juin au 5 janvier 2025

Photo de Raymond Depardon à Alger en 2019
Alger – 2019 (Raymond Depardon)

En 1961, Raymond Depardon, à peine 19 ans, est envoyé comme reporter-photographe en Algérie. Là, il capte la fin du temps colonial, tandis que, pendant les négociations des accords d’Évian, côtoyant la délégation algérienne, il en saisit l’intimité avec une rare délicatesse.

Alors que, près de soixante ans plus tard, il souhaite publier pour la première fois ces photographies de 1961, l’idée germe que Raymond Depardon fasse un nouveau voyage en Algérie pour compléter celles-ci avec un “post-scriptum”.

En 2019, il photographie Alger, toujours en noir et blanc, dans sa foisonnante contemporanéité. Il se rend également 5 jours à Oran, où il retrouve l’écrivain Kamel Daoud pour de longues déambulations dans la ville.  Au fil de celles-ci naît non seulement une amitié, mais aussi un projet d’ouvrage à quatre mains, où se mêlent, aux clichés de 1961 et de 2019, les textes libres et sauvages de l’auteur algérien.

Champs-Libres – salle Anita Conti
Du 15 juin au 5 janvier 2025

Un accrochage comprenant une vingtaine de photographies de Raymond Depardon sera également proposé dans le parcours permanent du Musée de Bretagne.

Au cours des années 1990 et 2000, Raymond Depardon sillonne la France paysanne avec sa chambre photographique 6 x 9. De cette exploration du monde rural, il réalise des photographies en noir et blanc qui racontent la terre, les hommes, le travail manuel, l’isolement et la fragilité des petites exploitations agricoles mais aussi la beauté des paysages français.

Ces hommes et ces femmes qui habitaient et persistaient à cultiver ces territoires désolés étaient des sages, des philosophes, des héros, en avance sur l’indispensable décroissance à venir. Ce choc politique et idéologique a été un moteur pour mon projet.

Raymond Depardon

Musée de Bretagne
Du 15 juin au 5 janvier 2025

Tourisme éco-responsable